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ANALYSE DE LA PISTE : Comment dompter Estoril ?

Wednesday, 18 May 2022 05:22 GMT

Le commentateur du WorldSBK Steve English s’est entretenu en profondeur avec Mick Shanley, chef mécanicien de Lucas Mahias, sur tous les points techniques du circuit portugais.

Le paddock du Championnat MOTUL FIM World Superbike prend la direction de la péninsule ibérique pour le premier des deux rendez-vous portugais. Le tracé d’Estoril a réintégré le calendrier du WorldSBK et depuis, Ducati, Kawasaki et Yamaha se sont partagé les six victoires. Estoril, long de 4.2 km, offre un peu de tout. Mick Shanley, chef mécanicien de Lucas Mahias, nous donne un éclairage au sujet de ce circuit. 
 
Shanley a supervisé un changement majeur cette année en passant de Show à Öhlins. Les deux premières manches de la saison ont été marquées par des hauts et des bas pour le Français, il partira d’une page blanche à Estoril que Shanley attend avec impatience.
 
TOUR D’HORIZON D’ESTORIL : « Un peu de tout » !
 
Estoril offre un peu de tout, a déclaré Shanley. Il y a de tout sur ce circuit, car il y a une très longue ligne droite. Le début de celle-ci est très rapide, car vous y entrez après un long virage. Globalement, votre moto doit être performante dans tous les domaines : virage, vitesse de passage en courbe, accélération et gestion des pneus. La gestion des pneus est très importante, car le dernier virage est infernal pour eux. »
 
UN DERNIER VIRAGE CRUCIAL : Le virage 13 conditionne un bon tour
 
« Le dernier virage est très critique parce que vous devez garder beaucoup de vitesse dans ce long droite, ajoute Shanley. Cela conditionne une grande partie de votre tour, car si vous y êtes lent, cela vous fait perdre du temps sur la ligne droite des stands. La ligne droite est très longue, il est donc crucial de disposer d’une bonne vitesse de pointe, nous ne sommes pas aussi rapides que nous devrions l’être à ce niveau, mais ensuite vous avez une zone de freinage si appuyée. C’est une section essentielle de la piste où il faut être fort, car vous pouvez y faire des dépassements ou vous défendre. Tout est régi par votre vitesse dans le dernier virage, c’est une configuration vraiment intéressante pour ce secteur. »
 
GESTION DES PNEUS : La clé du succès
 
Comme toujours en WorldSBK, le plus grand défi pour les équipes sera de gérer les Pirelli. Le SCX, le choix le plus répandu, sera mis à l’épreuve au Portugal en raison de la configuration du circuit. Avec des températures au sol dépassant largement les 40°C, les conditions solliciteront énormément les pneus Pirelli.
 
« Il y a tellement de virages à droite ici, explique Shanley. À partir du dernier virage, nous en avons quatre à droite avant d’arriver au n°4, une épingle à gauche. Avec autant de courbes et de temps passé sur le côté droit, la contrainte est très forte pour le pneu. Le flanc gauche peut aussi se refroidir, car il n’est pas sollicité très longtemps jusqu’à l’épingle. Cette section est essentiellement composée de virages en deuxième, ce qui signifie que vous accélérez fort et passez beaucoup de puissance dans le pneu. Il est très facile pour un pilote de trop malmener les pneus à Estoril si on ne fait pas attention. »
 
LONG BOUT DROIT : La vitesse de pointe compte à Estoril
 
« Notre braquet à Estoril est déterminé par la longue ligne droite. Vous devez atteindre une bonne vitesse de pointe en sixième, il faut donc que le rapport soit long, ce qui conditionne tout le reste. La vitesse de pointe est évidemment très importante, mais l’accélération l’est tout autant, car nous avons beaucoup de virages en seconde. C’est un équilibre difficile à trouver, car beaucoup de circuits, comme Assen, passent entre le cinquième et le sixième rapport sur les lignes droites. Cela vous donne un peu plus de flexibilité pour la boîte, mais sur des circuits comme Estoril ou Barcelone par exemple, il faut passer la sixième. Sur un tel circuit, vous savez ce que vous devez faire avec le braquet, car tout est question de vitesse de pointe. » 
 
CHANGEMENT DE SUSPENSIONS : Comment et pourquoi passer de Showa à Öhlins ?
 
Durant l’hiver, Kawasaki Puccetti Racing est passée de Showa à Öhlins, à l’inverse de l’équipe d’usine Kawasaki Racing Team WorldSBK et bien que les produits Showa soient de toute évidence très performants, il suffit de regarder le palmarès des constructeurs au cours des dix dernières années. Pour Puccetti et Mahias, le passage à Öhlins a été un pas en avant. La suspension peut être un choix très personnel pour les pilotes et leur style. Mahias semble plus à l’aise avec Öhlins et ils lui donnent un bien meilleur feed-back.
 
« Nous sommes passés à Öhlins cette année, et cela a été un changement positif, confie Shanley. Lucas a roulé sur la moto pourvue de Öhlins et immédiatement il s’est senti plus à l’aise avec l’avant de la moto. C’est un progrès indéniable pour lui par rapport aux Showa que nous utilisions jusqu’à présent. Il sera très intéressant à Estoril de voir les progrès que nous avons faits parce que nous avions des difficultés dans certains domaines l’année dernière et maintenant nous pourrons voir s’il y a eu des progrès. Le premier Round à Aragón a été très difficile pour nous, mais l’hiver et Assen ont été très positifs, et Lucas semble impatient et prêt à rouler ce week-end. » 
 
Et de continuer : « En WorldSBK, vous devez tout mettre à la disposition des équipes clientes, mais en tant que petite structure, vous devez être sûr que vous allez dans la bonne direction avant d’investir dans de gros changements sur la moto. Pendant l’hiver, nous avons vu Kawasaki apporter des modifications à la moto, mais nous n’avons pas mis à jour un grand nombre de nos pièces parce que nous nous sommes concentrés sur le changement de suspensions. Les équipes d’usine font le développement et si c’est mieux, ils l’utiliseront, et plus tard, nous pourrons passer à tout ce qui est nouveau. Pour nous, le changement de suspensions implique qu’il était important de pouvoir comparer la moto à quelque chose pour voir les progrès qui ont été faits dans ce domaine. Il est très facile de se perdre dans une série de nouvelles pièces, donc nous essayons de faire de notre mieux pour garder le package similaire et ensuite comprendre la Kawasaki avec Öhlins. »
 
L’ÉLECTRONIQUE : À quel point peut-elle être cruciale dans la gestion des pneus ?
 
L’une des clés de la gestion des pneus en WorldSBK réside dans l’électronique. Pour Mahias, qui en est à sa deuxième saison en WorldSBK, son expérience grandit et il se familiarise de plus en plus avec les paramètres qu’il peut modifier : « L’électronique est toujours un compromis et vous cherchez toujours le meilleur équilibre entre la vitesse au tour par tour et le rythme de la course. La gestion du pneu à Estoril est très importante et nous essayons de trouver une solution pour le côté droit du pneu parce que le dernier virage est violent pour le pneu, mais vous avez aussi beaucoup d’autres virages à droite qui peuvent aussi mettre le pneu à mal. Il est très facile de détériorer un pneu arrière ici, donc nous travaillons pour nous assurer que nous pouvons gérer l’usure et avoir la meilleure longévité possible. »
 
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